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Le retable de saint Walhère (Onhaye), seul retable polychromé non décapé produit en Principauté de Liège au 16e siècle 

Daté de 1560-1570, le retable de saint Walhère (Onhaye) se compose de quatre panneaux relatifs à la vie de Walhère, saint emblématique de la Haute Meuse dinantaise. Supposé né à Bouvignes au 12e siècle, Walhère aurait été assassiné d'un coup de rame sur la tête, assené par le prêtre d'Hastière lors d'une traversée en barque de la Meuse. Walhère fait toujours l'objet d'une importante procession chaque mois de juin, attirant des pèlerins d'horizons variés. 

Figurant parmi les rares retables connus produits en Principauté de Liège, ce retable est le seul à avoir conservé sa polychromie. Cette œuvre unique, dans un état de conservation problématique, fait l'objet depuis 2020 d'un travail d'étude, de restauration et de valorisation, fruit d'un partenariat entre l'administration communale d'Hastière, le groupement des fabriques d'églises d'Onhaye (GEFON), la Maison du patrimoine médiéval mosan et l'Atelier Conservart (https://conservart.be/actualite/).

Le retable, de longue date intégré à la chapelle de Bon-Air au coeur du village d'Onhaye, est actuellement préservé au sein de l'Atelier Conservart. Une étude climatique et de conservation, menée par l'Institut royal du Patrimoine artistique entre avril 2022 et avril 2023, donnera de précieuses pistes relatives au replacement du retable, soit au sein de la chapelle susdite, soit dans l'église Saint-Martin. 

Le retable propose un sens de lecture de bas en haut et de gauche à droite. 
Panneau 1. Le vicaire d'Hastière traverse la Meuse en barque. Un démon, perché au sommet d'un arbre situé le long de la rive du fleuve, attise la vengeance du vicaire. 
Panneau 2. L'assassinat de saint Walhère. Après une journée passée à Hastière à tenter de régler le conflit qui oppose les moines d'Hastière et de Waulsort, Walhère est raccompagné par le vicaire d'Hastière qui, profitant de la traversée en barque, assène un coup de rame au curé d'Onhaye. 
Panneau 3. La translation du corps du saint. Repêché le lendemain dans les eaux de la Meuse, le corps du saint est déposé sur un chariot tiré par deux génisses afin de le ramener vers Onhaye, en présence de sept témoins situés sur une colline à l'arrière-plan. 
Panneau 4. L'adoration des reliques. Huit personnages sont agenouillés devant le reliquaire que leur présente un prêtre. La présence d'un autel suggère que la scène se situe à l'intérieur d'une église. 

Source : Van Hauwermeiren C. (Atelier Conservart), Retable de la vie de saint Walhère, vers 1560-1570. Onhaye, Chapelle de Bon-Air. Rapport d'étude préalable à un traitement de conservation-restauration, Bruxelles, septembre 2022. 

Photo © Atelier Conservart.

 



Recherches sur le réseau viaire médiéval de Dinant

Depuis 2013, un programme de recherches (Archives et Archéologie en Wallonie) est mené par l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) et les Archives de l’État à Namur (AÉN). Son objectif principal vise à documenter au moyen de sources historiques et principalement de documents d’archives, des opérations archéologiques menées en Wallonie.

Un des nombreux projets de cet ambitieux programme est consacré à la ville de Dinant et plus spécifiquement aux sites ayant révélé les traces de l’activité de batteurs de cuivre au cours des périodes médiévale et moderne. Ce projet, toujours en cours, est mené par Antoine Bonnivert (Archives générales du Royaume - AGR), Marie Verbeek (AWaP) et Pascal Saint-Amand (Maison du patrimoine médiéval mosan). Le champ d’investigation s’est élargi à l’examen de la topographie médiévale dinantaise (1200-1600).

Photo : Dinant, Registre aux Paroffres, n°2222, 1535. Coll. AEN.



La valorisation du « casque » de Walhère à la MPMM

Du 9 décembre 2017 au 25 février 2018, la MPMM a accueilli l’exposition itinérante CROMIOSS  (Études croisées en Histoire et en sciences exactes sur les mitres du Trésor d’Oignies et les ossements de l’évêque Jacques de Vitry).  Cette exposition, conçue par la Société archéologique de Namur, invitait le grand public à découvrir les recherches menées depuis 2015 par plusieurs institutions scientifiques autour des ossements supposés de l’évêque Jacques de Vitry. C’est grâce à celui-ci, mort en 1240, que se développa l’art du frère Hugo d’Oignies dont le talent fut mis à profit pour valoriser les nombreuses reliques envoyées, depuis l’Orient, au prieuré d’Oignies par l’évêque.

Dans ce contexte, l’équipe de la MPMM a souhaité proposer un complément d’exposition dédié aux reliques et aux reliquaires. L’idée était de mettre en lumière certaines pièces gardées dans des églises de la région dinantaise. Le chef-reliquaire de saint Walhère était une évidence. C’est un exemple d’un saint local, ancré dans l’histoire médiévale de nos régions, dont le culte s’est perpétué jusqu’à nos jours et dont la tradition a tissé un lien fort avec Bouvignes, où Walhère serait né. La paroisse Saint-Lambert garde encore de précieux ossements du saint. La légende veut aussi qu’à la mort du saint, et à chaque 23 juin depuis, la source située dans la cave de la maison de Walhère à Bouvignes bouillonne… Surtout, le chef-reliquaire est un joyau trop peu connu de nos régions. Et pour cause : en-dehors du dernier week-end de juin, le reliquaire était gardé à l’abri des regards – et des convoitises d’éventuels individus malintentionnés –  dans un sac de tissu, dans la sacristie de l’église Saint-Martin.

Au terme de l’exposition temporaire CROMIOSS et de son complément « Autour des reliques et reliquaires », il nous a donc semblé pertinent de proposer à la Fabrique de l’église Saint-Martin et à la commune d’Onhaye – propriétaire légal, comme toute institution communale, des biens d’église d’Ancien Régime – d’accueillir le chef-reliquaire dans les collections permanentes de la MPMM. Par « permanent », il n’est pas question d’une propriété à durée indéterminée en faveur du musée, mais simplement de l’intégration du chef-reliquaire dans les contenus présentés de façon permanente, sur la base d’une convention de prêt renouvelée d’année en année. Il faut se féliciter de ce partenariat né entre la Maison du patrimoine médiéval mosan, la Fabrique de l’église Saint-Martin, la commune d’Onhaye et l’Évêché de Namur : des acteurs issus de mondes différents mais tous au service de la protection et de la valorisation du patrimoine religieux de nos régions.

Désormais, c’est une belle visibilité qui est assurée au chef-reliquaire, par ailleurs préservé dans un environnement optimal et sécurisé. Il peut être découvert six jours sur sept, durant les heures d’ouverture du musée. Il a été installé dans la salle « Entre ciel & terre », au côté de quelques autres reliquaires. D’ici 2020/2021, lorsque les travaux d’extension du musée seront achevés, les contenus des expositions permanentes seront également en partie modifiés. La salle en question sera alors, a priori, entièrement dédiée à la thématique des reliques durant l’époque médiévale et davantage d’informations accompagneront la présence du chef-reliquaire de saint Walhère.




Le reliquaire de Celles

La collégiale romane Saint-Hadelin de Celles (Houyet) abrite un reliquaire dont la discrète présence n’a que peu retenu l’attention jusqu’à récemment. Modeste coffret de bois, dont une inscription situe la réalisation à la fin du 16e siècle, il faisait « partie des meubles », placé dans une niche aménagée en hauteur dans la sacristie. Une recherche portant sur certains reliquaires de la région dinantaise, à l’occasion de l’accueil de l’exposition CROMIOSS (Société archéologique de Namur), mena la Maison du patrimoine médiéval mosan à s’intéresser à cette pièce. Son étude, toujours en cours, a nécessité l’intervention de plusieurs spécialistes, en particulier pour l’examen dendrochronologique de la châsse, l’étude anthropologique et la datation radiocarbone des ossements qu’elle contient.